Les origines du déclin et de la chute de Justin Trudeau
Justin Trudeau a annoncé aujourd'hui qu'il démissionnrait dès que le Parti libéral aura élu un nouveau chef.
Il faut remonter au premier mandat de Justin Trudeau pour retrouver les racines du déclin et de la chute de ce premier ministre, perçu d’abord comme une révélation lors de son élection en 2015, puis pousser vers la porte de sortie par presque la totalité de son caucus.
M. Trudeau incarnait le changement en 2015 et il avait su habilement profiter du déclin de la popularité du chef conservateur Stephen Harper et du fait qu’il partait comme négligé au début de sa campagne électorale.
Mais tout n’était qu’un mirage enveloppé dans une idéologie qui l’a graduellement éloigné de l’électorat. Peu de ses engagements sont devenus réalité et son désintérêt pour la saine gestion financière du pays et aussi pour une gestion efficace des ressources de la fonction publique ont ouvert la porte vers son déclin politique.
Si le Parti conservateur du Canada avait pu compter sur un chef solide lors de l’élection de 2019, M. Trudeau aurait alors été le premier ministre d’un seul mandat. C’est davantage les conservateurs qui ont perdu cette élection que M. Trudeau qui l’a gagnée.
Même scénario en 2021.
Il a fallu attendre 2022 et l’élection de Pierre Poilievre à la tête des conservateurs pour constater toute la faiblesse de ce gouvernement libéral irresponsable et dogmatique.
Contrairement à ses deux prédécesseurs, M. Poilievre est un chef beaucoup plus efficace, énergique et « féroce ».
Il a su porté le message conservateur en copiant la recette qui avait permis à Stephen Harper de se faire élire trois fois.
Une recette bien simple. Choisir et s’en tenir à trois ou quatre enjeux majeurs qui interpellent les électeurs, et répéter constamment le même message.
Mais cette recette n’explique qu’une partie des succès conservateurs dans les sondages.
L’autre partie s’appuie sur l’utilisation des réseaux sociaux. On ne parle pas ici d’être uniquement très présent sur les réseaux sociaux. On parle aussi de leur utilisation d’une façon stratégique qui passe par la diffusion de multiples sondages qui permettent ensuite de segmenter l’électorat en de multiples tranches d’opinion. Puis les électeurs classés dans chaque tranche vont ne recevoir que des messages qui concernent leur point d’intérêt. Cela donne comme résultat que les électeurs se sentent compris par le parti conservateur. Et cela se reflète dans les sondages.
Pendant ce temps, la machine libérale publiait sur les réseaux sociaux des sondages du genre : Appuyez-vous le plan du Parti libéral du Canada visant à bâtir un Canada meilleur ? Guère possible d’être plus vague comme question.
Pendant ce temps, les conservateurs diffusaient sondages et messages au sujet des armes à feu, de la criminalité, de la crise du logement, de la dette astronomique du pays, de l’immigration hors de contrôle et du gaspillage éhonté de fonds publiques
En conclusion, on peut affirmer que la force actuelle du Parti conservateur repose sur trois piliers : la faiblesse de la machine libérale et de son chef, la force du nouveau chef conservateur et l’efficacité de la machine conservatrice auprès de l’opinion publique.
Rien ne changera dans un futur prochain, sauf pour l’élection d’un nouveau chef à la tête du Parti libéral. Cela améliorera le sort des libéraux de quelques points mais ce ne sera pas suffisant pour renforcer la vapeur.
Le prochain gouvernement sera conservateur et majoritaire.
Et le pays ne s’en portera que mieux.
Michel Gauthier
Lundi 6 janvier 2025
La suite prévisible des choses
Une élection en...
Quand irons-nous aux urnes ?
C'est la seule véritable question à laquelle donner réponse depuis l'éclatement de la crise provoquée par la démission de la ministre des Finances, Chrystia Freeland.
L'actuel gouvernement libéral n'a plus ni crédibilité ni légitimité depuis l'annonce par son chef Justin Trudeau de l'utilisation des fonds publics pour financer des cadeaux électoraux et de convaincre les électeurs de revenir dans la barque libérale.
La seule certitude quant à la date de la prochaine élection, c'est que ce sera en 2025.
Mais quand? Et pourquoi?
Le premier scénario plausible serait le déclenchement d’une élection dès demain le 20 décembre, avec un scrutin au plus tôt le 27 janvier et au plus tard le 3 février. Justin Trudeau serait toujours le chef du Parti libéral puisqu’il serait illogique et suicidaire d’aller en élection avec un chef intérimaire. Ce scénario aurait l’avantage de mettre un terme à la crise actuelle et de passer à autre chose.
Le deuxième scénario est le plus probable. Les travaux de la Chambre des communes sont à l’arrêt depuis le 17 décembre et ne doivent reprendre que le 27 janvier. Justin Trudeau a donc près de six semaines devant lui pour roder son équipe de campagne électorale. Il pourrait alors annoncer la démission de son gouvernement, la veille du retour à la Chambre des communes, et demander à la gouverneure générale de déclencher une élection le 26 janvier prochain. Tout comme dans le scénario précédent, et pour les mêmes raisons, Justin Trudeau serait toujours à tête des libéraux.
Le troisième scénario est relié au dépôt du prochain budget, vers la mi-mars. Le gouvernement tomberait alors puisque le chef du NPD, Jagmeet Singh, a dit récemment que le gouvernement libéral n’avait plus sa confiance. Tomberait...? Peut-être pas si sûr. M. Singh n’en est pas à une contradiction près depuis qu’il a fait semblant de déchirer l’entente qui liait son parti à celui des libéraux.
Le quatrième scénario, qui est le plus incertain, serait le plus audacieux.
Justin Trudeau annonce dès demain, ou le plus tôt possible, qu’il demande à son parti de lancer une course « rapide » au leadership et qu’il demeurera entretemps à la tête de son parti et de son gouvernement. Dans le cadre de ce scénario, il devra aussi annoncer une prorogation des travaux de la Chambres afin d’éviter que son gouvernement ne tombe lors d’une motion de censure ou d’un vote de non-confiance sur le prochain budget. Le nouveau chef devrait être élu au plus tard fin août début septembre et l’élection aurait alors lieu le 20 octobre.
Voilà !
En conclusion, on peut ajouter qu’il reste à Justin Trudeau moins d’une année à la tête des libéraux fédéraux. Et que les chances du futur nouveau chef de devenir premier ministre, s’il est en fonction pour l’élection du 20 octobre, sont à peu près nulle.
Entretemps, les stratèges libéraux auraient avantage à se ressourcer en matière de stratégie électorale, en commençant par la lecture d’un essai de l’auteur Giuliano Da Empoli, Les ingénieurs du chaos, publié en 2019 aux Éditions JC Lattès.