Vaccination : ce n'est pas le temps de faire de la petite politique
(Février 2021) - La stratégie de vaccination du Québec, contre la COVID-19, a été rendue nécessaire à cause de l’incapacité du gouvernement fédéral de fournir à temps suffisamment de doses aux provinces.
Même si ce n’est pas le temps de faire de la petite politique, c’est la réalité qu’a tenté de cacher derrière un écran de fumée le député libéral Will Amos, dans sa sortie récente contre le choix fait par le gouvernement du Québec de retarder la deuxième dose des vaccins nécessitant une deuxième dose pour atteindre leur niveau maximal de protection.
Depuis 10 mois, la population du Québec comme celle de l’Outaouais se serre les coudes et s’impose des sacrifices afin de respecter les mesures sanitaires. Le moment est très mal choisi pour faire de la petite politique et faire la morale au gouvernement québécois.
La gestion de la pandémie impose des mesures extraordinaires et des choix parfois difficiles.
Dans ce cas-ci, le gouvernement québécois a opté d’étirer le délai entre la première et la deuxième dose afin d’être en mesure de couvrir le plus rapidement possible une grande partie de la population à haut risque.
Ce choix a permis de vacciner davantage de résidents en CHSLD et en résidences pour personnes âgées (RPA) et aussi davantage d’employés du réseau de la santé, qui affrontent quotidiennement la menace de ce virus.
À la mi-janvier, près de 3500 employés et près de 1000 résidents de CHSLD avaient été vaccinés, dans l’ensemble de l’Outaouais.
La décision a été prise en tenant compte des recommandations du Comité sur l’immunisation du Québec.
Le Comité sur l’immunisation du Québec recommande que la stratégie de vaccination contre la COVID‑19 au Québec en contexte de pénurie et de circulation du virus à un niveau élevé soit d’offrir une 1re dose de vaccin au plus grand nombre de personnes appartenant aux six premiers groupes prioritaires. Une approche soutenue par d’autres scientifiques aussi.
Dans un article publié dans le British Medical Journal (1), le professeur en pharmacoépidémiologie Stephen Evans souligne aussi : « nous savons que la vaccination de la moitié seulement d’une population vulnérable entraînera une augmentation notable des cas de COVID-19, avec tout ce que cela implique, y compris des décès. Lorsque les ressources sont limitées [les doses de vaccins disponibles], il est démontré que la vaccination d’un plus grand nombre de personnes avec une efficacité potentiellement moindre est meilleure que la vaccination d’une moitié seulement ».
Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, ont adopté la même stratégie.
Plutôt que de politiser le débat sur la vaccination, le député Amos devrait plutôt insister auprès de son gouvernement pour qu’il soit davantage proactif dans ses démarches auprès des compagnies pharmaceutique et moins hésitant quand vient le temps de prendre des décisions importantes, comme la fermeture des frontières pour les voyageurs étrangers.